En France, près d’une famille monoparentale sur deux est aujourd’hui dirigée par une mère célibataire. Si certaines le sont par choix, d’autres se retrouvent seules suite à une séparation ou au décès de leur conjoint. Quelle que soit leur situation, ces femmes font preuve d’un courage et d’une résilience exemplaires pour élever leurs enfants. Pourtant, la société ne reconnaît pas à sa juste valeur les sacrifices qu’elles consentent au quotidien.
Être une mère solo représente un défi permanent, entre la charge mentale liée à l’éducation des enfants et les difficultés financières. Souvent contraintes de cumuler plusieurs emplois pour joindre les deux bouts, ces mères de famille sont également plus exposées à la détresse psychologique et à l’isolement social.
Loin des clichés de la « mère célibataire profiteuse » ou de « femmes cougars » trop souvent véhiculés, il est temps de réhabiliter le courage de ces femmes. Parents à part entière, elles méritent respect, considération et soutien de la part de la société toute entière.
Une réalité très présente dans les familles françaises
- En 2020, la France comptait près de 2,6 millions de familles monoparentales, soit plus d’une famille sur quatre.
- Dans 85% des cas, le parent à la tête de ces familles est une femme.
- Selon l’INSEE, 38% des familles monoparentales françaises vivent sous le seuil de pauvreté.
- Le nombre de familles monoparentales a doublé depuis 1990. Cette augmentation découle notamment de l’évolution des modèles familiaux et de l’augmentation des séparations.
Ces chiffres montrent bien à quel point la monoparentalité, portée à une immense majorité par des femmes, s’est implantée dans le paysage familial français. Qu’elles l’aient choisi ou qu’elles y aient été contraintes, ces mères courage assument seules l’éducation et la charge financière de leurs enfants. Un rôle exigeant, pour lequel elles gagnent à être pleinement soutenues.
Des conditions de vie difficiles
Élever un ou plusieurs enfants n’est déjà pas une mince affaire quand les deux parents sont présents. Alors quand l’un des deux vient à manquer, les difficultés se multiplient pour celle qui reste.
Des ressources financières limitées
- Plus de 40% des familles monoparentales vivent sous le seuil de pauvreté. Cette situation fragile les expose à de nombreuses privations dans leur quotidien.
- Qu’elles perçoivent une pension alimentaire ou non, les ressources de ces familles restent limitées. Le parent seul doit en effet assumer seul toutes les charges liées au foyer et à l’éducation des enfants.
- Près de 30% des mères célibataires déclarent ne jamais partir en vacances, faute de moyens financiers suffisants.
- Beaucoup sont contraintes de cumuler plusieurs emplois ou de travailler à temps partiel pour s’occuper des enfants. Cette situation irrégulière et précaire ne leur permet pas toujours de subvenir correctement aux besoins du foyer.
Une importante charge mentale
Outre les aspects financiers, les mères solos doivent également assumer seules l’intégralité de la charge mentale liée aux tâches parentales :
- L’organisation du quotidien : préparer les repas, gérer le linge et le ménage, conduire les enfants à leurs activités, s’occuper des devoirs…
- Le suivi médical et scolaire des enfants
- La prise de toutes les décisions importantes : choix de l’école, orientation professionnelle des adolescents, déménagement…
- La gestion des émotions et des angoisses des enfants
Tout ceci, sans jamais pouvoir partager la charge mentale ou émotionnelle avec un conjoint. Cette responsabilité de chaque instant est source d’une fatigue considérable chez de nombreuses mères célibataires.
Une détresse psychologique fréquente
Conséquence des difficultés rencontrées, les mères seules présentent trop souvent des troubles psychologiques importants :
- Selon une étude de 2007, 31% des mères célibataires françaises souffrent de dépression, contre 17% pour l’ensemble des mères.
- Ces mères peuvent également ressentir un sentiment de culpabilité, d’échec ou de honte vis-à-vis de leur situation.
- L’anxiété et le stress face à l’avenir sont aussi très présents, notamment pour les mères isolées dans la précarité.
- Enfin, l’isolement social est un facteur aggravant important de cette souffrance psychique.
Malgré leurs sacrifices et leurs efforts constants, nombre de ces femmes ont ainsi le sentiment cruel de ne pas être à la hauteur. Pourtant, leur abnégation et leur persévérance dans des conditions si difficiles devraient susciter l’admiration.
La persistance des préjugés envers les mères célibataires
En plus de leurs difficultés objectives, les mères seules doivent également faire face aux préjugés tenaces d’une partie de la société conservatrice. Taxées de profiteuses, d’incompétentes ou même de mauvaises mères, elles restent victimes de discriminations.
L’image de la « mauvaise mère »
Beaucoup considèrent encore à tort qu’une femme seule est moins apte à élever un enfant qu’un couple parental. La suspicion plane sur leur capacité à assurer seules la sécurité et l’épanouissement de leurs enfants. Ce jugement est bien évidemment erroné et profondément injuste.
Le fantasme de la « profiteuse »
Certains alimentent l’idée que les mères célibataires « profitent » indument des aides sociales. En plus d’être faux, ce fantasme occulte complètement les énormes difficultés vécues par ces familles, y compris lorsqu’elles perçoivent des aides.
La culpabilisation des femmes « abandonnées »
Enfin, en cas de séparation ou de décès du conjoint, l’entourage conservateur émet parfois l’idée que ces femmes ont une part de responsabilité dans ce qui leur arrive. Cette culpabilisation est évidemment intolérable, d’autant plus face à des victimes de situations dramatiques.
Il est urgent de déconstruire ces images d’Épinal qui renforcent la détresse des mères solos. Leur choix de vie ne regarde qu’elles et le regard des autres devrait être bienveillant, pas moralisateur.
Reconnaître leur courage et les soutenir
Au vu des difficultés évoquées, nul ne peut contester le courage admirable dont font preuve chaque jour les mères seules. À nous tous maintenant de leur apporter la reconnaissance et le soutien qu’elles méritent.
Saluer leur persévérance exemplaire
Malgré des conditions de vie éprouvantes, les mères solos font preuve d’une ténacité et d’une générosité sans faille pour le bien de leurs enfants. Leur abnégation pour élever leurs enfants dans un contexte si difficile force le respect et l’admiration.
Soutenir les associations qui les accompagnent
De nombreuses associations s’efforcent d’aider les mères célibataires en leur offrant un soutien psychologique, matériel ou éducatif. Nous pouvons toutes et tous contribuer, par des dons ou du bénévolat, à soutenir le travail indispensable de ces organisations.
Lutter contre les préjugés au quotidien
Enfin, à notre propre échelle, luttons dans nos paroles et nos actes contre les idées reçues concernant ces mères courage. Faisons comprendre autour de nous qu’elles ne méritent ni opprobre ni condescendance, mais simplement notre estime.
Conclusion
Cheffes de famille accomplies, les mères célibataires sont des modèles de courage et de persévérance. Nous devons collectivement cesser de détourner le regard et reconnaître les sacrifices qu’elles consentent. Le combat qu’elles mènent au quotidien pour offrir le meilleur à leurs enfants malgré des conditions de vie difficiles mérite le respect de tous.